Hippo en péril
Bien que nous naviguons le maximum de temps dans les bolons (bras de mer séparant les îles), la mauvaise volonté des hippopotames à se montrer a poussé Hippo à demander de l’aide aux esprits. Pour cela, il a craché sur l’iran tous les matins pendant une semaine. Les irans sont des statuettes très expressives qui représentent l’esprit protecteur de la case. Par des sacrifices, des offrandes, ou en crachant du vin de palme ou de la cana (sorte de rhum) sur l’iran, il protège ou porte chance à la personne qui lui demande du soutien.
Après cette petite cérémonie, nous regagnons les îles du complexe d’Orango, l’endroit où nous avons le plus de chance de rencontrer ce gros mammifère. Ce qui est fantastique, c’est la facilité à trouver des traces d’hippopotames et la difficulté à observer l’animal. Hippo nous explique que le principe d’initiation est répandu en Afrique. C’est-à-dire qu’il faut posséder une certaine connaissance (être initié par les hommes sages) afin de pratiquer telle ou telle activité. Ainsi, nous commençons à vraiment douter si nous possédons les aptitudes nécessaires pour que l’hippopotame se montre à nous. Peut-être nous considère-t-il inconscient ? irrespectueux de lui, des autres êtres vivants ? Peut-être sommes-nous trop sûr de nous…
Des traces fraîches...
En navigant sur un bolon entre Imbone et Orango Grande, un petit martin-pêcheur coloré tourne autour du bateau comme s’il nous appelait, comme s’il voulait qu’on le suive. Hippo hypnotisé, ou envoûté par ce ballet aérien se jette à l’eau alors qu’il déteste l’eau salée. L’oiseau s’enfonce dans ce réseau de racines des palétuviers (qui forment la mangrove). Hippo gagne la berge et se fraie un chemin à travers ce labyrinthe végétal tout en suivant le martin-pêcheur. Etonnés par ce qui vient de se produire, nous restons sans voix pendant 5 minutes : « un martin-pêcheur qui guide notre Hippo à travers la mangrove !! ». Au bout d’une demi-heure, l’inquiétude fait surface. Personne ne répond à nos cris, et ce mur de racines est infranchissable, s’il ne revient pas de lui-même, nous ne pourrons rien pour lui. Soudain, un gémissement se fait entendre au niveau d’un petit canal sortant de ce couvert végétal à
Hippo a récupéré de cette mauvaise aventure. Pour ne pas le surmener, nous avons dû écourter notre séjour sur ces îles sauvages. On a bien compris que nous n’étions pas les bienvenues dans cet univers africain. Bien des fois la nature nous a offert des spectacles, des moments magiques que nous ne revivrons peut-être jamais. Des privilégiés, voilà ce que nous sommes mais encore trop sûrs de nous, et pas assez humble face à la nature qui a tous les droits. C’est une première étape pour nous faire prendre conscience que l’on fait encore partie d’elle. Un jour nous reviendrons, et espérons mériter cette fois, de rentrer dans le monde des hippopotames…
